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opéra sa retraite et alla se réfugier dans ses cantonnements. Le capitaine du navire donna ordre d’appareiller, et, chose étonnante, il ne se présenta aucun motif de retard ; les provisions étaient faites dès la veille, et tous les hommes de l’équipage se trouvaient à bord, pas un ne manqua à l’appel. On se mit donc à virer au cabestan, et l’ancre fut promptement levée au bruit du tam-tam et des cris cadencés des matelots. On déploya une immense voile en natte, un mousse mit le feu à un paquet de pétards, et la brise s’étant emparée de la jonque, nous glissâmes rapidement sur les eaux bleuâtres du lac Pou-yang.

Nous venions de quitter la province du Hou-pé pour entrer dans celle du Kiang-si. Hou-pé signifie « nord du lac, » et sert à désigner le pays situé au nord des grands lacs Pou-yang et Thing-toun. La province du Hou-pé est, sous tous les rapports, bien inférieure à celle du Sse-tchouen. La terre, peu fertile, est d’ailleurs couverte d’une multitude d’étangs et de marais, dont les Chinois, malgré leur industrieuse patience, ne peuvent retirer que très-peu d’utilité. Aussi les villages offrent-ils, en général, l’aspect de la misère et de la souffrance. Les habitants sont chétifs, d’une physionomie un peu sauvage, et fréquemment atteints de maladies cutanées. Nulle part nous n’avons rencontré un aussi grand nombre de chauves et de teigneux. Ces infirmités proviennent, sans doute, des eaux croupissantes au milieu desquelles ces malheureux passent leur vie, et surtout des mauvais aliments dont ils sont forcés de se nourrir. On prétend que, dans le Hou-pé, la récolte d’un an est ordinairement insuffisante pour un