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la sagesse, deux vertus que le ciel avait bien voulu lui départir à un suprême degré.

Ces pilules rouges, auxquelles tout le monde attribuait notre guérison, n’étaient pas pour nous un remède inconnu, car il jouit, en Chine, d’une célébrité prodigieuse, et nous l’avions entendu prôner de toute part ; le nom pompeux et emphatique qu’il porte n’est pas au-dessous de sa grande réputation ; on l’appelle ling-pao-jou-y-tan, c’est-à-dire « trésor surnaturel pour tous les désirs ; » c’est une véritable panacée universelle, guérissant, diton, de toutes les maladies sans exception ; la grande difficulté consiste à en varier la dose et à la combiner avec un liquide convenable. Administré mal à propos, ce remède peut devenir dangereux et causer de terribles infirmités ; sa composition est un secret. Une seule famille de Péking est en possession de la recette, qui se transmet fidèlement de génération en génération ; ainsi il nous est impossible de désigner les ingrédients qui entrent dans la composition de ce remède ; son odeur musquée, quoique très-forte, ne doit pas être considérée comme quelque chose de caractéristique, car, en Chine, non-seulement les médicaments, mais encore tous les objets les hommes, la terre, l’air, tout est plus ou moins imprégné de cette odeur particulière. L’empire chinois tout entier sent le musc, et les marchandises mêmes importées d’Europe s’en pénètrent complètement après quelque temps.

Le trésor surnaturel, quoique fabriqué seulement à Péking et dans une famille unique, est, malgré cela très-connu dans toutes les provinces de l’empire, où on peut en acheter à un prix assez modéré ; il y a seulement à