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homme connaissait sa mère… Du tout, nous répondit-il… Probablement qu’il ne savait même pas si elle vivait encore, ou si elle avait déjà salué le monde… — Dans ce cas, comment pourra-t-il faire cette lettre ? Tu ne lui as pas même indiqué ce qu’il devait dire. — Est-ce qu’il ne le sait pas ce qu’il faut dire ? Voilà déjà plus d’un an qu’il s’exerce aux compositions littéraires ; il sait une foule de formules très-élégantes, et connaît parfaitement de quelle manière un fils doit écrire à sa mère… À cela, il n’y avait assurément rien à objecter. Nous comprîmes seulement qu’on admettait, en Chine, une certaine différence entre la piété filiale telle qu’elle est mise en pratique, et celle qui se trouve si magnifiquement décrite et commentée dans les livres.

L’écolier, fidèle à la recommandation de son maître, ne perdit pas beaucoup de temps. Il revint bientôt après, avec sa lettre toute pliée dans une élégante enveloppe, qu’il avait eu l’attention de cacheter ; de sorte que cet admirable fils ne se donna même pas la peine de lire l’expression des sentiments onctueux de respect et de tendresse qu’il adressait à sa mère. Sans doute, il les savait par cœur depuis longtemps, et il les avait lui-même enseignés à son élève. Il voulut, pourtant, écrire l’adresse de sa propre main, ce qui nous parut assez superflu, car cette lettre pouvait être remise, sans inconvénient, aune mère quelconque du Céleste Empire, qui l’eût, sans doute, reçue avec autant de satisfaction que celle à qui on l’adressait.

Après avoir voyagé la journée tout entière, à la fraîcheur d’une pluie battante, nous arrivâmes à Hoang-meï-hien, ville de troisième ordre, située sur le bord