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quantité. Us se brisent ainsi à des marches forcées et très-fatigantes, et acquièrent peu à peu une grande agilité. Quand ils retranchent ensuite le poids auquel leurs jambes étaient habituées, ils peuvent marcher, sans peine, pendant plusieurs jours. Ces courriers n’ont jamais l’air d’être pressés ; on dirait qu’ils vont toujours d’un pas ordinaire, et cependant ils avancent avec une remarquable rapidité.

En Chine, il n’existe pas de poste à l’usage du public. Lorsqu’on veut expédier des lettres, il faut avoir recours à la complaisance de quelque voyageur, ou envoyer, à ses frais, un commissionnaire ; ce qui ne laisse pas d’être très-coûteux, quand il doit aller un peu loin : encore faut-il se résigner aux nombreux accidents de la route, et souvent ces lettres, après avoir occasionné tant de dépenses, finissent par s’égarer. Les missionnaires, habitués, en Europe, à une prodigieuse facilité de correspondance, ont beaucoup de peine à se faire à toutes ces longueurs, à endurer tous ces embarras. Cinquante jours suffisent pour avoir les lettres de Paris à Canton ; mais, de Canton à Péking, il faut attendre trois mois.

Les Chinois ne souffrent nullement d’un pareil état de choses ; étant complètement dépourvus d’affection, ils n’éprouvent aucun besoin de correspondre avec leurs parents et leurs amis. N’envisageant les choses de la vie que par leur côté positif et matériel, ils n’ont aucune idée de ces relations si douces de deux cœurs qui aiment à se rapprocher dans une correspondance intime, et à se communiquer leurs joies et leurs souffrances. Ils ne connaissent pas ces émotions si vives, dont on est subitement agité à la simple vue d’une écriture qu’on reconnaît.