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toujours aussi mal choisi que dans les exemples rapportés ci-dessus. Ils semblent aussi avoir été éclairés par l’expérience sur les dangers d’introduire les aiguilles au-dessus des principaux nerfs, des gros troncs artériels et des organes essentiels à la vie ; mais il est probable que leur expérience, à cet égard, a dû coûter cher à un certain nombre de malades. »

Nous pensions absolument comme M. Abel Rémusat lorsque le médecin de Kuen-kiang-hien nous proposa de nous enfoncer des aiguilles à travers le corps ; les opérations de ce genre dont nous avions été témoin ne nous rassuraient pas suffisamment, quoiqu’elles eussent été couronnées de succès, et nous n’éprouvions aucune envie de favoriser à nos dépens le progrès de l’acupuncture dans l’empire chinois. Le docteur comprit, du premier coup, le langage figuré par lequel nous lui exprimâmes combien l’idée de ses aiguilles nous déplaisait ; il se garda bien d’insister, surtout après que maître Ting lui eut fait observer avec une merveilleuse sagacité que les Européens n’étant pas, peut-être, organisés de la même manière que les Chinois, il s’exposait beaucoup à ne pas rencontrer juste en enfonçant les aiguilles. Quelle témérité ! s’écriait maître Ting ; est-ce que nous connaissons les Européens ? Qui sait ce qu’ils ont dans le corps ? Es-tu bien sûr, docteur, de ne pas aller piquer des inconnus avec ton aiguille ? Le docteur abonda, ou feignit d’abonder complètement dans le raisonnement de maître Ting, et il fut décidé que nous reprendrions les médecines noires, sauf quelques modifications.

La nuit fut un peu meilleure que le jour. Dans la matinée le médecin reparut et nous trouva, dit-il, dans