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la porte veillait l’inexorable geôlier, le bourreau du préteur, la mort et la terreur des alliés et des citoyens, le licteur Sestius, qui levait une taxe sur chaque gémissement, sur chaque douleur. — Pour entrer, disait-il, vous me donnerez tant, tant pour introduire ici des aliments ; personne ne s’y refusait. — Et vous, combien me donnerez-vous pour que je fasse mourir votre fils d’un seul coup ? Combien pour qu’il ne souffre pas longtemps ? Combien pour qu’il ne soit pas frappé plusieurs fois ? Combien pour que je l’expédie sans qu’il le sente, sans qu’il s’en aperçoive ? Et ces affreux services, il fallait encore les payer au licteur[1] ! » Il nous a toujours semblé que Verres avait dû avoir quelque connaissance des usages chinois, tant nous a paru frappante la ressemblance entre les procédés des mandarins du Céleste Empire et ceux du préteur de Sicile…

Tout condamné a droit de faire appel aux tribunaux supérieurs et de poursuivre sa cause à Péking même, par-devant la cour souveraine. Pour arriver jusque-là, il faut mettre en mouvement tant d’influences et faire agir des ressorts si nombreux, que la plupart des affaires se bâclent ordinairement dans les provinces. La justice chinoise est très-sévère pour les voleurs et les perturbateurs du repos public. Les peines les plus ordinaires sont : la bastonnade, les amendes, les soufflets avec d’épaisses semelles de cuir, la cangue ou carcan portatif, la prison, les cages en fer, où l’on doit rester accroupi, le bannissement dans l’intérieur de

  1. Cicero, in Verrem, De suppliciis.