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Ils regarderaient comme indigne de leur valeur d’avoir un associé, un appui quelconque ; ils ne veulent compter que sur l’énergie de leur caractère. Rien n’est comparable à l’audace de ces hommes. Les crimes les plus atroces, les forfaits les plus extravagants, ont pour eux un attrait irrésistible. Quelquefois ils vont, par fierté, se dénoncer eux-mêmes aux magistrats. Ils font l’aveu de tous leurs crimes, s’appliquent à en fournir des preuves irrécusables, et demandent à être jugés ; puis, quand on instruit le procès, comme, d’après la législation chinoise, l’aveu du coupable est nécessaire, ils nient tout ce qu’ils ont d’abord avoué, et endurent avec un stoïcisme inébranlable tous les genres de torture auxquels on les applique. On dirait même qu’ils trouvent un certain bonheur à voir leurs membres broyés, pourvu qu’ils puissent braver la justice et pousser à bout la colère des mandarins. Il leur arrive souvent de les compromettre et de les faire casser ; c’est alors un de leurs plus beaux triomphes. On rencontre dans toutes les villes de la Chine de nombreuses collections de petites brochures, qui composent en quelque sorte les fastes judiciaires et les causes célèbres de l’empire. Elles renferment les dramatiques biographies des plus fameux kouan-kouen ; le peuple dévore ces brochures, qui ne coûtent que quelques sapèques.

La manière de rendre la justice, en Chine, est extrêmement sommaire. Il est permis d’avancer, sans crainte d’exagération, qu’il y a, en France, quatre fois plus de juges que dans tout l’empire Chinois. Cette simplification, il faut en convenir, n’est nullement favorable à l’accusé, pour lequel il existe très-peu de véritables garanties. Sa