Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/288

Cette page n’a pas encore été corrigée

ordres à ses subordonnés, et il avait la douleur de voir que les résultats n’étaient jamais très-brillants. Il en était désolé, du moins nous remarquâmes que ses yeux larmoyaient souvent plus abondamment que de coutume. D’autre part, notre domestique, Wei-chan, était furieux. Sachant que nous l’avions gardé dans l’espoir qu’il imprimerait une bonne tournure à nos affaires, il sentait son honneur froissé et sa réputation compromise, toutes les fois que nous ne trouvions pas, comme dans le Sse-tchouen, un superbe palais communal avec un splendide festin. Il se mettait en colère à tout propos, insultait les gens de l’auberge et maudissait en bloc toute la province du Hou-pé. À l’entendre, il eût fallu ravager, incendier la ville ou le village où nous étions, et appliquer tous les habitants à la cangue ou les exiler au fond de la Boukharie. Nous dûmes, plus d’une fois, modérer l’extravagance de son zèle et lui bien faire entendre que, si ordinairement nous montrions une grande énergie et une fermeté inébranlable pour réclamer nos droits, nous savions aussi être patients lorsque les circonstances l’exigeaient et que nous n’avions à nous plaindre de la mauvaise volonté de personne. Wei-chan écoutait docilement notre sermon, mais cela ne l’empêchait pas d harceler tout le monde. Il n’admettait pas, quand nous arrivions quelque part, qu’on ne trouvât pas aussitôt un logement vaste, frais, commode et agréable.

La veille du jour où nous devions prendre la route impériale, nous arrivâmes, vers midi, dans une ville de troisième ordre nommée Kouang-tsi-hien. On nous conduisit dans une maison assez bien conditionnée, dont les appartements nous rappelaient les beaux palais communaux