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Il faut espérer que le sang des martyrs, qui était autrefois comme une semence de chrétiens, n’aura pas perdu, en Chine, de sa fécondité. Cette terre a été, sans doute, jusqu’ici, d’une bien désolante stérilité ; mais, quand viendra l’heure fixée par celui qui est assez puissant pour transformer les pierres mêmes en enfants d’Abraham, on verra ce sol de granit se ramollir, et faire germer de son sein d’innombrables adorateurs de Jésus-Christ.

L’état du christianisme dans le Hou-pé n’est pas aussi florissant que dans la province du Sse-tchouen. On y compte tout au plus douze ou quatorze mille chrétiens, la plupart pauvres et appartenant aux classes inférieures de la société. Les nombreuses et violentes persécutions dont cette province a été presque toujours tourmentée sont peut-être la cause de ces succès peu rapides dans l’œuvre de la propagation de la foi. Le petit nombre des chrétiens, et les vexations continuelles qu’ils ont à subir de la part des mandarins, contribuent peut-être beaucoup à les rendre timides et à diminuer en eux cette ardeur et cette énergie nécessaires au prosélytisme. En parcourant, durant notre voyage, les points principaux de cette province, nous avons remarqué que les chrétiens se tenaient cachés ; ils n’osaient se montrer sur notre passage ; nous ne recevions pas leur visite dans les palais communaux, tout au plus en découvrions-nous quelques-uns, de loin en loin, qui faisaient furtivement le signe de la croix, afin de nous faire savoir ce qu’ils étaient. On ne voyait nulle part ce mouvement, cet entrain, que nous avions aperçus dans les missions du Sse-tchouen, et qui dénotent, sinon une foi plus vive, du