Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/282

Cette page n’a pas encore été corrigée

sous la présidence de maître Lieou, ou « saule pleureur, » et notre domestique, Wei-chan, avait commencé l’éducation de nos futurs compagnons de voyage. Il leur avait insinué, en son langage pittoresque et imagé, qu’il leur serait nécessaire de se plier souvent avec beaucoup de souplesse, afin de ne pas s’écorcher à ce qu’il pouvait y avoir d’un peu anguleux dans notre nature.

Avant de quitter définitivement la capitale du Hou-pé, nous allâmes saluer Son Excellence le gouverneur de la province. Il nous reçut tout juste avec convenance et politesse ; son langage et ses manières n’avaient rien de cette bienveillance, de cette affabilité, qui nous avaient fait tant aimer le vénérable et excellent Pao-hing, vice-roi de la province du Sse-tchouen. De notre côté, nous eûmes aussi tout simplement de l’urbanité, et nous nous en tînmes strictement aux prescriptions du rituel. — Cheminez en paix, nous dit-il, en nous saluant de la main. — Soyez assis tranquillement, lui répondîmes-nous ;… et, après lui avoir envoyé une modeste inclination de tête, nous sortîmes.

Il y avait tout au plus une demi-heure que nous avions quitté cette grande et populeuse ville D’Ou-tchang-fou, lorsque nous entrâmes dans un pays montueux et rougeâtre, sillonné en tous sens par une foule de petits sentiers. Ce site nous frappa, et nous crûmes le reconnaître. Il nous sembla qu’au commencement de l’année 1840, quand, pour la première fois, nous traversâmes l’empire chinois, nous avions fait furtivement un pèlerinage à travers les sinuosités de ces nombreuses collines. Ce souvenir plongea notre âme dans un ineffable ravissement de tristesse. Afin de nous bien