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un ministre d’État, de renoncer à l’administration des affaires, pour vivre dans la retraite. Il ne doit rendre aucune visite, et ses relations officielles avec le monde sont interrompues. Chaque année, on fait, au moins une fois, une cérémonie commémorative au tombeau des ancêtres. Tous les descendants d’une même famille, hommes, femmes et enfants, s’y rendent exactement. On nettoie la sépulture ; puis, après avoir émaillé le sol de découpures en papier de diverses couleurs, on fait les prostrations prescrites par le cérémonial ; on brûle des parfums, et l’on dépose sur le gazon, ou sur les pierres tumulaires, de petits vases contenant des mets plus ou moins exquis. Quelque profond que soit le scepticisme des Chinois modernes, il est incontestable que ces pratiques sont basées sur la croyance à une vie future. « Presque tous les hommes, dit Bossuet, sacrifiaient aux mânes, c’est-à-dire aux âmes des morts ; ce qui nous fait voir combien était ancienne la croyance de l’immortalité de l’âme, et nous montre qu’elle doit être rangée parmi les premières traditions du genre humain[1]. » Dans toutes les prescriptions liturgiques pour les funérailles, le deuil et les sacrifices devant les tablettes et les tombeaux des ancêtres, il est facile de voir la consécration du grand principe de la piété filiale, base de la société chinoise. Il n’est pas de pratiques, d’usages, qui, examinés de près, ne semblent avoir pour but d’inculquer dans l’esprit des peuples le respect pour l’autorité paternelle. Ces tendances sont surtout frappantes dans

  1. Discours sur l’histoire universelle.