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considérable, qu’elle ne puisse encore exercer son influence sur le corps et le maintenir en vie, quoiqu’il souffre horriblement de cette séparation passagère. Si le moribond entre en agonie, il est évident que l’âme en a pris son parti, et qu’elle se sauve avec la ferme détermination de ne plus revenir. Cependant tout espoir n’est pas encore perdu, et il y a moyen de lui faire rebrousser chemin et de l’engager à reprendre son poste dans le corps du malheureux qui lutte avec la mort. On cherche d’abord à l’émouvoir ; on lui adresse des prières et des supplications ; on court après elle, on la conjure de retourner à son logis, on lui expose, en des termes pathétiques et pleins d’onction, le lamentable état auquel on va se trouver réduit, si elle s’obstine à s’en aller. On essaye de lui faire bien comprendre que c’est d’elle que dépend le bonheur ou l’infortune d’une famille entière. On la presse, on la flatte, on l’accable d’invocations : Reviens, reviens, lui crie-t-on ; que t’a-t-on fait ? Pourquoi nous abandonner ? Quel motif as-tu de t’en aller ? Reviens, nous t’en conjurons… Et, comme on ne sait pas au juste de quel côté l’âme s’est sauvée, on court dans tous les sens, on fait mille évolutions, dans l’espoir de la rencontrer et de l’attendrir par les prières et par les larmes.

Si les moyens d’insinuation et de douceur ne réussissent pas, si l’âme se montre sourde aux supplications et s’obstine à aller froidement son chemin, alors on procède par voie d’intimidation ; on cherche à lui faire peur, on pousse des cris, on lance des pétards, à l’improviste, dans toutes les directions par où elle pourrait s’échapper, on étend les bras pour lui barrer le passage,