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la pensée humaine, qui s’incarne en quelque sorte, et se fixe dans l’écriture. À un tel point de vue, cette sollicitude scrupuleuse des Chinois pour leurs caractères est, peut-être, digne de quelque admiration.

Tout le monde n’étant pas également soigneux à l’égard du papier écrit, il arrive quelquefois, soit oubli, soit négligence, qu’on le laisse exposé à la profanation. Afin d’obvier à cet inconvénient, il existe une classe de bonzes dont la mission est d’en faire partout une recherche exacte et minutieuse. Ils parcourent les villes, les villages et les chemins les plus fréquentés, le dos chargé d’une hotte et armés d’un crochet. Ils s’arrêtent de préférence dans les endroits où l’on jette les immondices, et recueillent religieusement tous les caractères qu’ils peuvent rencontrer. Ces débris de papiers sont ensuite portés dans une pagode pour y être brûlés en présence des images des sages de l’antiquité.

La plupart des pagodes célèbres de la Chine sont à peu près dans le même état que celle de Pou-tou. La décadence, le manque de foi, se font remarquer partout, et rien n’annonce que ces édifices bouddhiques soient près de recouvrer leur ancien lustre. Le souvenir de leur antique renommée y attire bien encore, à certaines époques, un certain nombre de visiteurs ; mais c’est la curiosité et non la religion qui les y conduit. On n’y va plus pour brûler de l’encens aux pieds des idoles, ou demander des prières aux bonzes ; ce sont des parties de plaisir, de petits voyages d’agrément où la piété n’a plus aucune part. On peut bien encore rencontrer de temps en temps quelques promeneurs dans les lieux consacrés au bouddhisme, mais on n’y voit pas de véritables pèlerins.