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de froideur et d’insouciance pour un culte renfermant tant de croyances contradictoires et qui offusquent le bon sens. — C’est cela, nous répondit-il, voire merveilleuse intelligence a saisi le véritable point de la difficulté. — Les hommes peuvent se laisser séduire, pour un temps, par de vaines superstitions ; mais tôt ou tard ils en aperçoivent la futilité, et ils s’en détachent facilement. — Ces paroles sont pleines de netteté et de précision. — Une religion qui n’a pas sa racine dans la vérité ne saurait satisfaire ni l’esprit ni le cœur de l’homme. Les peuples peuvent y croire un instant, mais leur foi n’est ni ferme, ni durable. — Voilà la véritable explication. La nation centrale ne croit plus, et c’est pourquoi mes quêteurs reviennent les mains vides. Il est connu que les religions sont nombreuses, et qu’elles n’ont qu’un temps, mais le ly, « la raison, » est immuable. — Les religions fausses, basées sur le mensonge, n’ont qu’un temps, c’est vrai. La vérité est éternelle, elle est, par conséquent, de tous les temps et de tous les lieux. La religion du Seigneur. du ciel, qui est l’expression de la vérité, est pour tous les hommes ; elle est immuable comme son fondement… Ce chef des bonzes connaissait suffisamment la religion chrétienne ; il avait lu plusieurs livres de doctrine, et, entre autres, le fameux traité du P. Ricci, Sur la véritable notion de Dieu. Il eut la politesse de nous dire que notre religion était sublime, incomparable, et que la sienne, à lui, n’avait pas le sens commun ; puis il ajouta la formule à la mode parmi les Chinois : Pou-toun-kiao, toun-ly, les religions sont diverses, la raison est une… » Et, après cette déplorable conclusion, il changea brusquement