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propre et le mieux conservé, c’est la bibliothèque. Le bonze chargé de son entretien nous la fit visiter. Nous la trouvâmes bien inférieure à celles que nous avions vues dans la Tartane et le Thibet. Elle possède cependant environ huit mille volumes, enveloppés de taffetas jaune, exactement étiquetés et rangés par ordre dans les cases qui entourent une vaste salle. Ces livres appartiennent exclusivement à la théologie et à la liturgie de la religion de Bouddha. Ils sont, pour la plupart, des traductions et quelquefois de simples transcriptions chinoises des livres indiens, de sorte que les Chinois peuvent les lire couramment, mais sans jamais en comprendre le sens. Nous dîmes au bibliothécaire que cet inconvénient était grave et que de pareils livres nous paraissaient peu propres à développer chez les bonzes le goût de l’étude. — La famille religieuse de Bouddha, nous répondit-il, n’a plus d’attrait pour les livres. Les bonzes de Pou-tou n’en lisent aucun, pas plus ceux qu’ils pourraient comprendre que les autres. Ils ne mettent pas le pied dans la bibliothèque ; je n’y vois jamais que des étrangers qui viennent la visiter par curiosité.

Le religieux bouddhiste qui nous faisait cet aveu ne semblait pas partager l’indifférence de ses confrères pour les livres ; c’était, au contraire, un vrai type de bibliophile. Depuis dix-huit ans qu’il était à Pou-tou, il n’avait jamais quitté sa bibliothèque. Il y passait la journée entière et une partie des nuits, continuellement occupé, nous disait-il, à sonder la profondeur insondable de la doctrine. Quelques livres ouverts sur une petite table placée à un angle de la salle attestaient, en effet, qu’il faisait autre chose que garder simplement l’établissement.