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d’entre eux tiennent école, et ceux qui ne sont pas assez lettrés pour enseigner les livres classiques sont forcés, en quelque sorte, de parcourir les villages et de mendier leur riz ; car les revenus de leurs pagodes ne sont plus aussi considérables qu’ils l’étaient, dit-on, à d’autres époques. Les bonzes et les tao-sse mènent une existence si précaire et si humiliante, que leur nombre va toujours en diminuant. On ne voit pas trop pourquoi, en effet, des hommes qui sont sans croyance religieuse se résigneraient à une si profonde misère. Aussi, cette espèce de sacerdoce d’une religion éteinte et d’un culte abandonné est-il forcé de se recruter d’une singulière manière. Le bonze qui est attaché à une pagode achète, pour quelques sapèques, l’enfant de quelque famille indigente ; il lui rase la tête et en fait son disciple, ou plutôt son domestique. Ce pauvre enfant végète ainsi, en la compagnie de son maître, et s’accoutume insensiblement à ce genre de vie. Plus tard, il devient le successeur et l’héritier de celui à qui on l’avait vendu, et cherche, à son tour, à se procurer de la même façon un petit disciple. Voilà de quelle façon se perpétue la classe des bonzes, dont l’influence a été grande à diverses époques, comme on peut le voir en parcourant les annales de la Chine, mais, aujourd’hui, ces hommes ont complètement perdu leur autorité et leur crédit. Les peuples n’ont plus pour eux aucune considération ; souvent ils sont mis en scène sur le théâtre, et on ne manque jamais de leur faire jouer les rôles les plus infâmes. Il faut qu’ils soient tombés dans un bien grand mépris pour que l’insurrection ait cru se rendre populaire en les massacrant partout sur son passage.