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un cerf agile, je dispose la mienne comme un chien courant pour le poursuivre ; je ne manque jamais de le saisir et de l’abattre. Lorsqu’un homme se sert de sa pensée pour m’échapper comme le poisson de l’abîme, je dispose la mienne comme l’hameçon du pêcheur ; je ne manque jamais de le prendre et de le faire tomber en mon pouvoir. Quant au dragon qui s’élève sur les nuages et vogue dans l’éther, je ne puis le poursuivre. Aujourd’hui j’ai vu Lao-tze ; il est comme le dragon ! À sa voix, ma bouche est restée béante, et je n’ai pu la fermer ; ma langue est sortie à force de stupeur, et je n’ai pas eu la force de la retirer ; mon âme a été plongée dans le trouble, et elle n’a pu reprendre son premier calme. »

Quoi qu’on puisse dire des idées philosophiques de Lao-tze, ses disciples, les docteurs de la raison, ne jouissent pas aujourd’hui d’une grande popularité. Les superstitions auxquelles ils se livrent sont si extravagantes, que les plus ignorants mêmes en font l’objet de leurs plaisanteries et de leurs sarcasmes. Ils se sont rendus principalement célèbres par leur prétendu secret d’un élixir d’immortalité. Ce breuvage leur a donné beaucoup de crédit auprès de plusieurs empereurs fameux. Les annales chinoises sont remplies des débats et des querelles des tao-sse avec les sectateurs de Confucius ; ces derniers se sont servis contre eux, avec le plus grand succès, de l’arme du ridicule, et ils n’ont jamais manqué d’envelopper dans leurs railleries, et les docteurs de la raison et les bonzes, prêtres du bouddhisme, qui est la troisième religion de la Chine.

Vers le milieu du premier siècle de notre ère, les