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l’amour de l’ordre et d’une conformité mal définie avec les vues du ciel et la marche de la nature, ont permis aux philosophes qui l’ont suivi de s’égarer, au point que plusieurs d’entre eux, depuis le douzième siècle de notre ère, sont tombés dans un véritable spinosisme, et ont enseigné, en s’appuyant toujours de l’autorité de leur maître, un système qui tient du matérialisme et dégénère en athéisme. Confucius, en effet, n’est jamais religieux dans ses écrits ; il se contente de recommander, en général, d’observer les pratiques anciennes, la piété filiale, l’amour fraternel, d’avoir une conduite conforme aux lois du ciel, qui doivent être toujours en harmonie avec les actions humaines.

En réalité, la religion et la doctrine des disciples de Confucius, c’est le positivisme. Peu leur importent l’origine, la création et la fin du monde ; peu leur importent les longues élucubrations philosophiques. Ils ne prennent du temps que ce qu’il leur faut pour la vie ; de la science et des lettres, que ce qu’il leur faut pour remplir leurs emplois ; des plus grands principes, que les conséquences pratiques, et de la morale, que la partie utilitaire et politique. Ils sont, en un mot, ce que nous cherchons aujourd’hui à devenir en Europe. Ils laissent de côté les grandes disputes, les questions spéculatives pour s’attacher au positif. Leur religion n’est, en quelque sorte, qu’une civilisation, et leur philosophie, que l’art de vivre en paix, que l’art d’obéir et de commander.

L’État a toujours conservé, comme institution civile, le culte rendu aux génies du ciel et de la terre, des étoiles, des montagnes et des rivières, ainsi qu’aux âmes