Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

vicissitudes, ont fini par s’acclimater dans l’empire, et existent encore aujourd’hui, du moins nominalement.

Il n’y a point, à proprement parler, de religion d’Etat en Chine, et tous les cultes y sont tolérés, pourvu que le gouvernement ne les juge pas dangereux. Trois religions principales sont admises et considérées comme également bonnes, et l’on pourrait dire comme également vraies, quoiqu’il y ait eu entre elles des guerres longues et acharnées. La première et la plus ancienne est celle que l’on nomme jou-kiao, « la doctrine des lettrés, » et dont Confucius est regardé comme le réformateur et le patriarche. Elle a pour base un panthéisme philosophique, qui a été diversement interprété suivant les époques. On croit que, dans la haute antiquité, l’existence d’un Dieu tout-puissant et rémunérateur n’en était pas exclue, et divers passages de Confucius donnent lieu de penser que ce sage l’admettait lui-même ; mais le peu de soin qu’il a mis à l’inculquera ses disciples, le sens vague des expressions qu’il a employées, et le soin qu’il a pris d’appuyer exclusivement ses idées de morale[1] et de justice sur le principe de

  1. Et encore quelle morale ! Comment doit se comporter un fils vis-à-vis de l’ennemi de son père ! demanda Tse-hia à Confucius. — « Il se couche en habit de deuil, lui répondit Confucius, et n’a que ses armes pour chevet ; il n’accepte aucun emploi, il ne souffre pas que l’ennemi de son père reste sur la terre. S’il le rencontre, soit dans le marché, soit dans le palais, il ne retourne point chez lui pour prendre ses armes, mais il l’attaque sur-le-champ… » Dans un autre passage, ce fameux moraliste s’exprime ainsi : « Le meurtrier de votre père ne doit pas rester sous le ciel avec vous ; il ne faut pas mettre les armes bas, tandis que celui de votre frère vit encore, et vous ne pouvez pas habiter un même royaume avec celui de votre ami… »