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extrême difficulté. Dans son calme ordinaire, il empâtait ses paroles jusqu’à donner des impatiences à ceux qui l’écoutaient. Lorsqu’il voulait s’animer un peu, c’était une confusion, un imbroglio, auxquels on ne comprenait rien du tout. Sa physionomie était, du reste, très-insignifiante ; il ne lui restait que quelques fragments de dents, et ses yeux bombés, qu’on voyait saillir à travers les verres de ses lunettes, avaient l’inconvénient de larmoyer fréquemment, ce qui fut cause que nous nous laissâmes entraîner à ajouter une épithète à son nom, et que, au lieu de dire tout court Lieou, « le Saule », nous finîmes par l’appeler Saule pleureur. Il fut convenu qu’on s’occuperait d’organiser une nouvelle escorte le plus promptement possible, de manière à être prêts à nous mettre en route dans quatre jours.

La visite que nous avions eu l’heureuse audace de faire au gouverneur de la province du Hou-pé nous avait procuré deux bons résultats. D’abord nous avions reconquis notre influence perdue, et, en second lieu, nous avions obtenu un excellent logement, où nous pouvions, en attendant le départ, nous reposer un peu des fatigues de notre long voyage, et trouver autour de nous de nombreuses distractions. Outre la compagnie des mandarins qui résidaient dans le même établissement, nous avions, de temps en temps, celle des principaux fonctionnaires de la ville, qui ne manquèrent pas de nous venir voir, aussitôt qu’ils surent que le gouverneur nous était favorable. Nous pouvions ensuite, sans qu’il fût besoin de sortir, nous procurer tous les agréments de la promenade, tantôt dans les cours ombragées de grands arbres, tantôt sous de longs péristyles ou dans un vaste