Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée

uns des épisodes les plus piquants du voyage. Nous lui finies une courtoisie à la chinoise en lui demandant si, pécuniairement parlant, il était satisfait de nous avoir accompagnés, s’il avait pu réaliser des économies assez considérables pour s’arrondir une honnête petite somme. — Oui, oui, nous dit-il, en se frottant les mains, les affaires n’ont pas mal été, j’aurai gagné, dans ce voyage, quelques lingots d’un assez joli volume ; mais vous concevez, ce n’est assurément pas pour l’argent que j’ai voulu vous accompagner. — Non, sans doute, qui pourrait s’imaginer cela ? — Il est évident que je n’aime pas l’argent et que je ne l’ai jamais aimé ; mais je serais heureux d’avoir à offrir un petit cadeau à ma mère, à mon retour ; c’est pour elle que je cherche à faire quelques profits. — C’est là, maître Ting, un noble et beau sentiment ; dans ce cas, en aimant l’argent, on pratique la piété filiale. — Oui, c’est cela même ; la piété filiale est la base des rapports sociaux, elle doit être le mobile de toutes nos actions… Maître Ting nous souhaita, en nous quittant, l’étoile du bonheur pour toute la route jusqu’à Canton. Il s’en alla tout enchanté de nous laisser dans la persuasion que c’était par pur sentiment de piété filiale qu’il avait essayé de rançonner les mandarins de toutes nos stations, depuis la capitale du Sse-tchouen jusqu’à Ou-tchang-fou.

L’escorte du Sse-tchouen s’en retourna tout entière, à l’exception seulement de notre domestique, Wei-chan, que le vice-roi Pao-hing avait mis à notre service. Ce jeune homme s’était acquitté de son devoir avec intelligence et activité. Il paraissait même avoir pour nous