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pierre ollaire et nous pria de lui indiquer les mets qui étaient le plus à notre convenance. — C’est un fait connu de tout le monde, ajouta le mandarin, que les peuples occidentaux ne se nourrissent pas de la même manière que les habitants du royaume du Milieu. Autant qu’il est possible, il ne faut pas contrarier les usages et les coutumes des hommes. Nous remerciâmes le mandarin de sa gracieuse attention : Il y a longtemps, lui dîmes-nous, que nous avons contracté l’habitude des mets chinois ; l’intendant de la marmite n’a qu’à suivre les inspirations de son talent, et tout ira bien, une liste des mets serait une chose superflue, et nous eussions pu ajouter très-difficile à faire. Nous avions, en effet, depuis tant d’années, suivi des régimes si différents, changé si souvent de système culinaire, et expérimenté un si grand nombre de substances à saveur excentrique et aventureuse, qu’il nous eût été impossible de bien apprécier le mérite d’un bon morceau. Nous n’avions plus sur la cuisine que des idées extrêmement vagues et confuses. Tout ce qui n’avait pas le goût de la farine d’avoine assaisonnée de suif nous semblait délicieux. Le cuisinier en chef reprit donc ses articles de bureau et s’en alla tout fier et tout glorieux du témoignage de confiance qu’il venait de recevoir et dont, nous devons en convenir, il était digne à tous égards. L’habileté avec laquelle il nous façonna une foule de ragoûts chinois, plus remarquables les uns que les autres, était une preuve que nous n’avions pas eu tort de compter sur son mérite et sur son savoir-faire.

Le lendemain de notre déménagement, maître Ting, accompagné de son confrère le mandarin militaire et