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et le ku-pi, c’est-à-dire la rhubarbe et l’écorce d’orange ; après cela il devait encore y entrer une variété considérable de poudres, de feuilles et de racines. Chaque espèce de drogue avait mission d’agir sur un organe particulier pour y opérer le résultat spécial ; cet ensemble d’opérations diverses produirait finalement le prompt rétablissement de notre santé.

Il est d’usage qu’on fasse bouillir ensemble, dans un vase de terre cuite, toutes les drogues prescrites ; quand l’eau s’est suffisamment assimilé, par une longue ébullition, leurs propriétés médicamenteuses, on la fait avaler au malade aussi chaude qu’il est possible. Ordinairement les médecines chinoises sont d’un aspect oléagineux et d’un noir très-foncé, quoique tirant légèrement sur le jaune ; cette physionomie peu rassurante provient d’une certaine substance grasse et noirâtre que les médecins ont le bon goût d’introduire toujours dans leurs ordonnances ; cependant, quand on est parvenu à surmonter la répugnance des yeux, les remèdes chinois ne sont pas du tout pénibles à prendre ; ils ont toujours une saveur fade et un peu sucrée, mais jamais, comme ceux de nos pharmaciens d’Europe, ce goût nauséabond qui fait bondir le cœur et soulève à la fois l’organisation tout entière.

Quand le docteur chinois eut rempli sa mission relativement à notre noble et illustre maladie, il fit de profondes révérences à la compagnie et s’en alla, en promettant de revenir le lendemain matin. Les mandarins de Kuen-kiang-hien partirent aussi ; mais tristes et le cœur plein de préoccupation, car le médecin avait dit positivement qu’il nous fallait du repos ; notre état,