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de l’autre côté du fleuve, nous serions morts de faim, si nous n’avions eu de l’argent pour acheter des vivres dans une auberge ; ici, dans la capitale même, depuis deux jours que nous sommes arrivés, personne ne s’occupe de nous ; on nous a enfermés dans un réduit où nous n’avons pas assez d’espace pour nous remuer. Est-ce que l’empereur aurait donné un ordre pour nous faire expier dans le Hou-pé les bons traitements que nous avons reçus dans le Sse-tchouen ? — Quelles paroles prononcez-vous ? La miséricorde de l’empereur s’étend à tous les lieux. Où êtes-vous logés dans la ville ? — Le vice-roi du Sse-tchouen ne nous a jamais demandé où nous étions logés ; il le savait parce qu’il avait lui-même désigné notre logement. En arrivant ici, on nous a conduits dans une étroite chambre où l’air ne pénètre pas ; nous y sommes depuis deux jours, sans voir personne à qui nous puissions nous plaindre. On désire probablement que notre voyage se termine à Ou-tchang-fou… Le gouverneur se secoua dans son fauteuil avec colère et indignation. Il prétendit que nous faisions injure au caractère des habitants de la nation centrale, et sa voix criarde s’animant par degrés, il se mit à disserter avec tant de volubilité et d’animation, que nous finîmes par ne plus rien comprendre à ce qu’il disait. Nous nous gardâmes bien de l’interrompre ; nous demeurâmes devant lui calmes et immobiles, attendant avec patience qu’il voulût bien s’apaiser et se taire. Quand le moment lut arrivé, nous lui dîmes sur un ton très-bas, mais avec « ne certaine énergie froide et concentrée : Excellence, il n’est pas dans nos habitudes de prononcer des paroles blessantes et injurieuses ; il est mal de supposer à