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et d’étain et appelées tsien ; les Européens leur ont donné communément le nom de sapèques. Elles sont percées, au milieu, d’un trou carré, afin de pouvoir être enfilées avec une corde ; mille de ces pièces forment une enfilade équivalant, au cours moyen, à une once chinoise d’argent ; car l’or et l’argent ne sont jamais monnayés en Chine. Bien que les sapèques ne soient habituellement employées que pour les achats de détail, l’or et l’argent, qui servent pour les achats plus considérables, se pèsent comme une denrée ordinaire, et les conventions se font en enfilades de sapèques. À cet effet, les Chinois des villes portent toujours avec eux de petites balances pour acheter ou vendre, et pèsent l’argent qu’ils donnent ou reçoivent. Les billets de banque payables au porteur sont en usage dans toute l’étendue de l’empire. Ils sont émis par les grandes maisons de commerce et acceptés dans toutes les villes importantes.

La sapèque, dont la valeur représente à peu près un demi-centime de notre monnaie, est d’un avantage incalculable pour le petit commerce de détail. Grâce à la sapèque, on trafique, en Chine, sur les infiniments petits. On peut acheter une tranche de poire, une noix, une douzaine de fèves frites, un cornet de graines de citrouille, boire une tasse de thé, ou fumer quelques pipes de tabac, pour une sapèque. Tel citoyen, qui n’est pas assez riche pour faire la dépense d’une orange, ne laisse pas que de se passer la fantaisie d’en acheter une côte. Cette division extrême de la monnaie chinoise a donné naissance à une infinité de petites industries qui font vivre des milliers d’individus. Avec deux cents sapèques de capital un Chinois n’hésitera pas à se lancer dans