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trafic. Le Chinois est cupide et passionné à l’excès pour le lucre ; il aime l’agiotage, les spéculations, et son esprit, plein de ruse et de finesse, se plaît infiniment à calculer, à combiner les chances d’une opération commerciale ; le Chinois par excellence est un homme installé du matin au soir derrière le comptoir d’une boutique, attendant sa pratique avec patience et résignation, et dans les intervalles de la vente, réunissant dans sa tête et supputant sur les boules de sa tablette de mathématiques les moyens d’accroître sa fortune ; quelles que soient la nature et l’importance de son commerce, il ne néglige aucun bénéfice ; le plus petit gain sera toujours le bien venu, il l’accueillera avec empressement ; sa jouissance la plus grande, c’est, le soir, après avoir bien fermé et barricadé son magasin, de se retirer dans un recoin de sa maison, et là de compter religieusement ses sapèques et d’apprécier la recette de la journée.

Le Chinois apporte en naissant ce goût du commerce et du trafic, qui grandit et se développe avec lui ; c’est sa nature et son instinct. Le premier objet pour lequel un enfant se sent de l’attrait, c’est la sapèque ; le premier usage qu’il fait de la parole et de l’intelligence, c’est d’apprendre et d’articuler la numération ; lorsque ses doigts sont assez forts pour tenir le pinceau, ce sont des chiffres qu’il s’amuse à dessiner ; enfin, aussitôt que ce petit être sait parler et marcher, le voilà capable de vendre et d’acheter. En Chine on ne doit pas craindre d’envoyer un enfant faire une emplette quelconque, on peut être assuré qu’il ne se laissera pas tromper. Les jeux mêmes auxquels se livrent les petits Chinois sont toujours imprégnés de cet esprit de mercantilisme ; ils