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L’immense population de la Chine, la richesse de son sol et la variété de ses produits, la vaste étendue de son territoire et la facilité des communications par terre et par eau, l’activité de ses habitants, les lois, les mœurs publiques, tout semble se réunir pour rendre cette nation la plus commerçante du monde. De quelque côté qu’un étranger pénètre en Chine, quel que soit le point qu’on visite, ce qui frappe avant tout, ce qui saisit d’étonnement, c’est l’agitation prodigieuse de ce peuple, que la soif du gain, que le besoin du trafic tourmentent sans cesse. Du nord au midi, d’orient en occident, c’est comme un marché perpétuel, une foire qui dure toute l’année sans interruption.

Et cependant, quand on n’a pas pénétré jusqu’au centre de l’empire, quand on n’a pas vu ces trois grandes villes, Han-yang, Ou-tchang-fou et Han-keou, placées en face l’une de l’autre, il est impossible de se former une idée exacte de l’activité et de l’immensité de ce commerce intérieur. C’est surtout Han-keou, « la bouche des entrepôts, » qu’il faut visiter ; tout y est boutique et magasin ; chaque produit a sa rue ou son quartier, qui lui est spécialement affecté. De toutes parts on rencontre toujours une si grande affluence de piétons, les masses sont tellement compactes et pressées, qu’on a toutes les peines du monde à se frayer un passage. Presque toutes les rues sont continuellement sillonnées par de longues files de portefaix, qui s’en vont au pas gymnastique et en poussant un cri monotone et cadencé dont le son aigu domine les sourdes rumeurs de la multitude. Au milieu de ce vaste tourbillonnement d’hommes, on remarque pourtant assez d’ordre et de tranquillité ; il y a peu de