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tire au sort ; on continue ainsi chaque mois, jusqu’à ce que chacun ait eu le lot. Comme les derniers seraient trop mal partagés et auraient fait inutilement toutes les avances sans en retirer aucun avantage, chaque mois le lot augmente d’un petit intérêt payé par ceux qui en ont déjà profité.

L’avantage de ces sociétés consiste à procurer tout d’un coup une somme considérable qu’on ne paye qu’en détail. Comme le gouvernement ne se mêle en aucune manière de ces sociétés privées, leurs règles varient au gré de ceux qui les composent. Il y a cependant deux conditions qui paraissent invariables et admises dans toutes les provinces : la première, c’est que le fondateur de la société a toujours le premier lot ; la seconde, c’est que tout associé qui manque une fois à fournir sa quote-part perd toutes ses avances au profit du chef de la loterie, lequel répond pour tout le monde ; mais ces cas arrivent très-rarement. Tous les membres se font un si grand point d’honneur d’être fidèles à ces sortes d’engagements, qu’on ne pourrait y manquer sans se couvrir de honte et devenir, pour ses concitoyens, un objet de mépris. Lorsque quelqu’un se trouve pressé d’argent, il obtient facilement qu’on lui cède le lot, et, s’il ne peut plus continuer, il abandonne ses avances à un autre, qui répond pour lui. Ces sociétés sont tellement à la mode, que presque tous les Chinois en font partie ; les cultivateurs, les artisans, les petits marchands, tout le monde se réunit ainsi par groupes et met ses ressources en commun. Le Chinois ne vit jamais dans l’isolement ; mais c’est surtout dans les affaires d’intérêt et de commerce que son esprit d’association est remarquable.