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tâche d’en retirer beaucoup ; ce qu’il gagne sur eux le dispense peu à peu de travailler lui-même, et le public est chargé du fardeau de son oisiveté. On demandait à So-ling pourquoi il avait fait prêter vingt mille onces d’argent, sur le Trésor public, à douze petits marchands. — C’est, répondit-il, afin que le public ne paye plus les festins, les spectacles, les vernis, les concubines et les esclaves de celui qui a envahi le commerce des soieries. La rivalité des ventes oblige les marchands à lutter d’industrie et de travail, c’est-à-dire à rançonner moins le public. »

Nous pensons qu’il serait superflu d’avertir le lecteur que, en donnant ces citations, peut-être un peu trop longues, des économistes chinois, nous n’entendons nullement approuver leur doctrine. Ces questions épineuses et ardues sont trop au-dessus de nos connaissances pour qu’il nous soit permis de nous en établir le juge ; nous avons voulu seulement faire connaître la trempe d’esprit des Chinois. On est si communément habitué à les apprécier d’après les dessins des paravents et des éventails, et à ne voir en eux que des magots plus ou moins civilisés, que nous avons été bien aise de montrer de quelle manière ils savent traiter les matières de haute politique et d’économie sociale.

Afin de faciliter ces opérations commerciales, les Chinois ont inventé des sociétés pécuniaires, répandues dans tout l’empire, et dont le but principal est d’éviter le fardeau des dettes fixes et qui portent intérêt. Les membres de ces sociétés conviennent entre eux d’une certaine somme, que chacun versera le premier jour de chaque mois ; ce jour même, la totalité des sommes se