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On sera peut-être curieux de savoir quel but s’est proposé le gouvernement chinois, en portant si haut l’intérêt de l’argent, et de connaître la manière dont on envisagé, dans ce singulier pays, les questions d’économie politique et sociale. Selon Tchao-yng, écrivain distingué du Céleste Empire, l’État a voulu empêcher que la valeur des biens-fonds n’augmentât et que celle de l’argent ne diminuât par la médiocrité de l’intérêt. En le portant à un taux considérable, il a essayé de rendre la distribution des biens-fonds proportionnelle au nombre des familles et la circulation de l’argent plus active et plus uniforme.

« Il est évident, dit l’écrivain chinois, que l’argent étant au-dessous des biens-fonds, parce qu’il est plus casuel en lui-même et dans les revenus, la même valeur en biens-fonds sera toujours préférée à celle qui est en argent. Il est évident encore que, pour ne pas courir le risque du casuel de l’argent, on aimera mieux posséder une moindre valeur en biens-fonds avec plus de sécurité. Cette moindre valeur est proportion née aux risques de l’argent et de ses profits.

Plus l’intérêt de l’argent est élevé, plus il faut de biens-fonds, tous les risques compensés, pour équivaloir à l’argent, comme il faut plus d’arpents de mauvaise terre pour équivaloir à une terre excellente et fertile. Or, plus il faut de biens-fonds pour équivaloir à l’argent, plus il est aisé aux pauvres citoyens de conserver ceux qu’ils ont et d’en acquérir même une certaine quantité, puisque cela ne suppose pas la richesse ; plus, par la même raison, les partages sont faciles dans les familles et avantageux à l’État pour les