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précieuses bagatelles qu’apportent les navires européens, ne lui ont jamais fait illusion ; il ne recherche que le commerce avec les Tartares et les Russes, qui fournit des pelleteries et des cuirs dont on a besoin dans toutes les provinces, et qui se fait par des échanges.

Les Chinois n’ont pas tout à fait les mêmes idées que les Européens sur le commerce. Voici comment s’exprimait, il y a plus de deux mille ans, Kouan-tse, célèbre économiste du Céleste Empire : « L’argent qui entre par le commerce n’enrichit un royaume qu’autant qu’il en sort par le commerce. Il n’y a de commerce longtemps avantageux que celui des échanges ou nécessaires ou utiles. Le commerce des objets de faste, de délicatesse et de curiosité, soit qu’il se fasse par échange ou par achats, suppose le luxe. Or, le luxe, qui est l’abondance du superflu chez certains citoyens, suppose le manque du nécessaire chez beaucoup d’autres. Plus les riches mettent de chevaux à leurs chars, plus il y a de gens qui vont à pied ; plus leurs maisons sont vastes et magnifiques, plus celles des pauvres sont petites et misérables ; plus leur table est couverte de mets, plus il y a de gens qui sont réduits uniquement à leur riz. Ce que les hommes en société peuvent faire de mieux à force d’industrie et de travail, d’économie et de sagesse, dans un royaume bien peuplé, c’est d’avoir tous le nécessaire, et de procurer le commode à quelques uns. »

D’après ces idées, qui sont celles de l’administration chinoise, il est facile de prévoir que les produits européens n’obtiendront jamais un grand écoulement dans