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des ports ouverts aux Européens s’en ressentiraient ; mais il est probable que la nation chinoise ne s’apercevrait même pas de cette interruption. Le prix du thé et de la soie diminuerait, et celui de l’opium augmenterait, mais seulement pour peu de temps ; car les Chinois se mettraient aussitôt à en fabriquer en abondance. La marche des affaires ne se trouverait nullement gênée, parce que, comme l’a très-bien remarqué le capitaine Jurien de la Gravière, « la Chine a besoin de vendre, non d’acheter. » Ses riches et fertiles provinces lui fournissent tout ce qu’il lui faut ; elle a chez elle le nécessaire et l’utile, et les Européens ne peuvent lui fournir que des objets de luxe et de fantaisie. Les cotonnades qu’on lui apporte, quelque énorme qu’en paraisse la quantité, ne sauraient être, en réalité, que d’une faible ressource pour l’immense consommation de plus de trois cents millions d’hommes.

Si donc le gouvernement chinois n’a jamais, à aucune époque, favorisé le commerce avec les Européens ; si, au contraire, il a toujours cherché à le paralyser, à l’écraser même, c’est parce qu’il l’a toujours considéré comme nuisible aux véritables intérêts du pays. Le commerce, selon les Chinois, ne peut être utile à l’empire qu’autant qu’en cédant des choses superflues, on en acquiert de nécessaires ou d’utiles. Ce principe admis, ils en concluent que le commerce des étrangers, diminuant la quantité usuelle des soies, des thés, des porcelaines, et occasionnant l’augmentation de leur prix dans toutes les provinces, est véritablement désavantageux à l’empire ; aussi le gouvernement s’est-il toujours appliqué à l’entraver. Les objets de luxe, les pré