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porcelaine, en bois peint, et la main-d’œuvre est à si bon marché chez eux, qu’il y a souvent de l’avantage à leur commander des ouvrages que des artisans européens ne pourraient exécuter qu’à de grands frais.

Nous devons remarquer qu’en Chine, l’industrie, comme tout le reste, au lieu de faire des progrès, va tous les jours en déclinant. Plusieurs secrets importants de fabrication se sont perdus, et aujourd’hui les ouvriers les plus habiles seraient incapables d’obtenir la perfection et le fini qu’on admire dans les ouvrages des siècles passés ; de là ce goût effréné des riches Chinois pour les kou-toun, ou antiquités. Us recherchent avec avidité des porcelaines, des bronzes, des tissus de soie, des peintures qui, à part le mérite d’être de vieille date, surpassent de beaucoup, comme œuvre d’art, les productions modernes. Non-seulement les Chinois de nos jours n’inventent rien, ne perfectionnent rien, mais ils rétrogradent sensiblement du point avancé où ils étaient parvenus depuis si longtemps.

Ce déplorable état de choses tient à cette désorganisation générale, à cette incurie du gouvernement, que nous avons déjà eu occasion de signaler tant de fois. Personne n’encourage le talent et le mérite des artistes et des industriels ; il n’y a rien pour exciter leur émulation ; aussi on ne tente aucun progrès, on ne cherche pas à se distinguer. Tout homme de génie, capable de donner une salutaire impulsion aux arts et à l’industrie, se trouve à l’instant paralysé par la pensée que son mérite sera méconnu, et que ses efforts obtiendront, de la part du gouvernement, des châtiments plutôt que des récompenses. Il n’en était pas ainsi autrefois, et les moyens