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guerre des Anglais. Ce bon père espagnol, dont nous n’avions pas, il faut le confesser, la résignation et la patience, avait laissé contracter aux habitants de Ou-chang-fou un ton et des allures dont nous étions les victimes. S’il nous arrivait de nous plaindre, on nous répondait que nous devions nous estimer très-heureux, puisque nous n’étions ni emprisonnés, ni enchaînés. Il semblait que notre bouche ne pouvait s’ouvrir que pour faire entendre des paroles d’actions de grâces et de reconnaissance, parce qu’on ne nous avait pas encore coupé le cou. Nous crûmes qu’il était de notre devoir de combattre de notre mieux ces funestes dispositions, tant dans notre intérêt que dans celui des missionnaires qui auraient, après nous, à passer par là. Nous fîmes donc notre plan, et nous attendîmes une occasion favorable.

Notre cellule étroite et incandescente nous rendant la résidence extrêmement pénible, nous prîmes le parti de faire quelques promenades en ville, en la compagnie de notre cher maître Ting, à qui il tardait beaucoup de revoir sa bien-aimée province de Sse-tchouen et de n’avoir plus de relations avec les barbares du Hou-pé. Afin de pouvoir circuler dans les rues plus librement et sans exciter l’attention du public, il avait été indispensable de mettre provisoirement de côté la ceinture rouge et la calotte jaune.

Ou-tchang-fou nous était connu depuis longtemps. La première année de notre entrée en Chine, nous avions eu l’occasion de visiter cette grande ville, l’une des plus commerçantes de la Chine, à cause de sa situation au centre de l’empire et sur les bords du fleuve Bleu, qui