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bottes en satin noir terminées par une semelle blanche d’une épaisseur exorbitante, et il sera incontestable qu’un Européen ne saurait jamais avoir la bonne façon d’un Chinois.

Mais c’est surtout dans les habitudes de la vie que les Chinois prétendent nous être de beaucoup supérieurs. En voyant les Européens exécuter, pendant de longues heures, des promenades gymnastiques, ils se demandent s’il n’est pas plus conforme à la bonne civilisation de passer son temps, quand on n’a rien à faire, tranquillement assis à boire du thé et à fumer sa pipe, ou encore s’il ne vaut pas mieux aller tout bonnement se coucher. L’idée des soirées ou de passer la majeure partie des nuits en fêtes et en réunions ne leur est pas encore venue. Ils en sont toujours aux habitudes de nos bons aïeux, qui n’avaient pas trouvé la méthode un peu bizarre de prolonger le jour jusqu’à minuit et la nuit jusqu’à midi. Tous les Chinois, même ceux de la haute classe, tiennent à commencer leur sommeil de manière à pouvoir se lever avec le soleil. Ils ne font exception qu’aux premiers jours de l’an et à certaines fêtes de famille. Alors ils ne se donnent pas un instant de repos et de relâche. À part certaines circonstances, ils se conforment assez régulièrement au cours des astres pour le partage du jour et de la nuit. Aux heures où l’on remarque le plus de mouvement et de tumulte dans les grandes villes d’Europe, celles de Chine jouissent du calme le plus profond ; chacun est retiré dans sa famille, toutes les boutiques sont fermées, les bateleurs, les saltimbanques, les lecteurs publics, ont terminé leur séance, et il ne reste plus en