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cou d’un anneau en fer assez large pour leur permettre de respirer librement, mais trop étroit pour qu’ils puissent avaler le poisson qu’ils ont saisi ; afin de les empêcher de folâtrer au fond de l’eau, et de perdre ainsi le temps destiné au travail, une petite corde est attachée d’un côté à l’anneau, et de l’autre à une des pattes du cormoran ; c’est par là qu’on le ramène à volonté, au moyen d’une ligne à crochet, lorsqu’il lui arrive de s’oublier trop longtemps ; s’il est fatigué, il a le droit de remonter à bord et de se reposer un instant ; mais il ne faut pas qu’il abuse de cette complaisance du maître. Au cas où il ne comprendrait pas les obligations de son état, il reçoit quelques légers coups de bambou, et, sur ce muet avertissement, le pauvre plongeur reprend avec résignation son laborieux métier. Durant la traversée d’une pêcherie à l’autre, les cormorans se perchent côte à côte sur les bords du bateau ; ils s’y arrangent d’eux-mêmes avec un ordre admirable, avertis qu’ils sont, par leur instinct, de se placer en nombre à peu près égal sur bâbord et sur tribord pour ne pas compromettre l’équilibre de la frêle embarcation ; c’est ainsi que nous les vîmes rangés lorsque nous rencontrâmes sur le lac la petite flottille des pêcheurs.

Le cormoran est plus gros que le canard domestique ; il a le cou court, la tête aplatie sur les côtés, le bec long, large et légèrement recourbé à l’extrémité. D’une tournure ordinairement très-peu élégante, il est hideux à voir lorsqu’il a passé la journée à travailler dans l’eau. Ses plumes mouillées et mal peignées se hérissent sur son maigre corps, il se pelotonne, et ne présente plus qu’une masse informe et disgracieuse.