Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

diminution des hommes, sont si disparates et si étroitement liés, si lents et si efficaces, qu’il n’y a ni politique ni prévoyance à leur opposer. Il faut être bien étranger à notre histoire pour ne voir qu’un mécanisme de causes naturelles dans les conduites cachées du ciel sur les générations des hommes, pour les étendre ou les resserrer d’une manière conforme à ses vues sur tout l’empire ; il faut être bien peu philosophe pour ne pas voir que la guerre, la peste, la famine et les grandes révolutions, font crouler tout système par l’impossibilité démontrée d’en prévoir les causes, d’en suspendre les ravages, et d’en calculer les effets par rapport à la population présente et future. Les expériences des— dynasties passées sont perdues pour celle qui s’écoule ; les moyens mêmes qui ont réussi deviennent destructifs d’un siècle à l’autre. »

Tout en respectant la réserve du moraliste du Céleste Empire, il nous semble pourtant qu’on pourrait assigner plusieurs causes secondaires à la prodigieuse population de la Chine : ainsi les mœurs publiques de la nation, qui font du mariage des enfants la plus grande affaire des pères et des mères ; la honte de mourir sans postérité ; les adoptions fréquentes qui soulagent les familles et en perpétuent les branches ; le retour des biens à la souche par l’exhérédation des filles ; l’immutabilité des impôts qui, toujours attachés aux terres, ne tombent jamais qu’indirectement sur le marchand et l’artisan ; le mariage des soldats et des marins ; la politique de n’accorder la noblesse qu’aux emplois, ce qui l’empêche d’être héréditaire, en distinguant seulement les hommes sans distinguer les familles, et détruit de