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arrive de toutes parts, les oiseaux aquatiques qu’on voit planer au-dessus du lac et plonger subitement pour saisir leur proie, tout cela offre aux regards un tableau plein de charme et d’animation.

Nous passâmes à côté de plusieurs îles flottantes, produits bizarres et ingénieux de l’industrie chinoise, et dont jamais, peut-être, aucun autre peuple ne s’est avisé. Ces îles flottantes sont des radeaux énormes, construits, en général, avec de gros bambous, dont le bois résiste longtemps à l’action dissolvante de l’eau. On a transporté sur ces radeaux une couche assez épaisse de bonne terre végétale, et, grâce au patient labeur de quelques familles d’agriculteurs aquatiques, l’œil émerveillé voit s’élever à la surface des eaux des habitations riantes, des champs, des jardins et des plantations d’une grande variété. Les colons de ces fermes flottantes paraissent vivre dans une heureuse abondance. Durant les moments de repos que leur laisse la culture des rizières, la pêche devient pour eux un passe-temps à la fois lucratif et agréable. Souvent, après avoir fait leur récolte au-dessus du lac, ils jettent leur filet et le ramènent sur le bord de leur île chargé de poissons ; car la Providence, dans sa bonté infinie, fait encore germer au fond des eaux une abondante moisson d’êtres vivants pour les besoins de l’homme. Plusieurs oiseaux, et notamment les pigeons et les passereaux, se fixent volontiers dans ces campagnes flottantes, pour partager la paisible et solitaire félicité de ces poétiques insulaires.

Vers le milieu du lac, nous rencontrâmes une de ces fermes qui essayait de faire de la navigation. Elle s’en allait avec une extrême lenteur, quoiqu’elle eût cependant