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diplomatie ce qu’ils n’ont pu faire par les batailles, ils rendent les indigènes victimes de la paix et de la guerre, les engagent en de pernicieuses alliances, leur imposent des conditions de commerce, occupent leurs ports, partagent leurs provinces et traitent de rebelles les nationaux qui ne peuvent s’accommoder à leur joug. À la vérité leurs procédés s’adoucissent envers les Etats qui ont conservé quelque vigueur, et ils gardent à Canton et à Nangasaki des ménagements qui seraient de trop à Palembeng ou à Colombo[1]. Mais, par un renversement d’idées plus étrange peut-être que l’abus de la force, nos écrivains prennent alors parti pour nos aventuriers trompés dans leur espoir ; ils blâment ces prudents Asiatiques des précautions que la conduite de nos compatriotes rend si naturelles, et s’indignent de leur caractère inhospitalier. Il semble qu’on leur fasse tort en se garantissant d’un si dangereux voisinage ; qu’en se refusant aux avances désintéressées de nos marchands, on méconnaisse quelque bienfait inestimable, et qu’on repousse les avantages de la civilisation. La civilisation, en ce qui concerne les Asiatiques, consiste à cultiver la terre avec ardeur pour que les Occidentaux ne manquent ni de coton, ni de sucre, ni d’épiceries ; à payer régulièrement les impôts, pour que les dividendes ne souffrent jamais de retard ; à changer, sans murmures, de lois, d’habitudes et de coutumes, en dépit des traditions et des climats. Les Nogais ont fait de grands

  1. M. Abel Rémusat parlait ainsi en 1829 ; il eût probablement supprimé cette phrase, s’il eût écrit en 1840, lors de la guerre des Anglais contre les Chinois.