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ses sujets, usant et abusant d’une autorité sans bornes et sans contrôle, je ne vois nulle part, en Asie, de semblables despotes : en tous lieux, les mœurs, les coutumes antiques, les idées reçues et les erreurs même, imposent au pouvoir des entraves plus embarrassantes que les stipulations écrites, et dont la tyrannie ne peut se délivrer qu’en s’exposant à périr par la violence même. Je n’aperçois qu’un certain nombre de points où l’on ne respecte rien, où les ménagements sont inconnus, et où la force règne sans obstacle : ce sont les lieux où la faiblesse et l’imprévoyance des Asiatiques ont laissé établir des étrangers venus des contrées lointaines, avec l’unique désir d’amasser des richesses dans le plus court espace de temps possible, et de retourner ensuite en jouir dans leur pairie ; gens sans pitié pour des hommes d’une autre race, sans aucun sentiment de sympathie pour des indigènes dont ils n’entendent pas la langue, dont ils ne partagent pas les goûts, les habitudes, les croyances, les préjugés. Nul accord fondé sur la raison et la justice ne saurait se former ou subsister entre des intérêts si diamétralement opposés. La force seule peut maintenir un temps cet état de choses ; il n’y a qu’un despotisme absolu qui puisse préserver une poignée de dominateurs qui veulent tout prendre au milieu d’une multitude qui se croit en droit de ne rien donner. On observe les effets de cette lutte dans les établissements coloniaux en Asie, et les étrangers dont je parle sont les Européens.

« C’est, nous pouvons le dire entre nous, une race singulière que cette race européenne ; et les préventions