Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

du gouvernement, parce que nous sommes convaincus que l’empire ne marcherait pas mieux si trois cents millions d’individus prétendaient le faire aller chacun suivant son idée. Il arrive bien quelquefois qu’on imprime des livres capables de troubler la tranquillité publique et de porter atteinte au respect dû à l’autorité ; alors les mandarins cherchent à découvrir l’auteur de ce crime et le punissent très-sévèrement. Ce n’est pas une raison, pour cela, d’empêcher les autres de se servir de leur pinceau, et de faire graver leurs écrits sur des planches en bois pour composer des livres. Le péché d’un mauvais citoyen ne doit pas entraîner le châtiment de l’empire tout entier. Mais il paraît que, dans les contrées qui sont par delà les mers occidentales, les choses ne se passent pas de la sorte ; cela ne doit pas étonner, puisqu’on sait que les peuples ont des goûts et des tempéraments particuliers. Le tempérament des Occidentaux est de s’emporter jusqu’à la colère, tantôt dans un sens et tantôt dans un autre ; leur goût est de trouver un jour tous les gouvernements mauvais, et un autre jour de les trouver tous bons. Avec des goûts et des tempéraments semblables, il est difficile qu’on puisse laisser les pinceaux aussi libres que chez nous ; la confusion serait à son comble. Il peut être bon quelquefois de changer de gouvernement ; mais les successions ne doivent être ni trop fréquentes ni trop rapides. Un de nos plus fameux philosophes a prononcé cette sentence : Malheureux les peuples qui ont un mauvais gouvernement ; plus malheureux encore ceux qui, en ayant un passable, ne savent pas le garder. »

Quoique les Chinois, une fois lancés dans les révolutions,