Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

quand nous quittâmes le pays pour entreprendre le voyage du Thibet.

On peut voir, d’après ce que nous venons de dire, que les Chinois savent user largement de leur liberté d’association, et en conclure qu’ils ne sont pas tout à fait aussi esclaves de leurs mandarins qu’on se l’imagine en Europe. La liberté de la presse est encore une de ces vieilles chinoiseries que les Occidentaux se figurent avoir inventée, bien qu’ils ne sachent trop comment s’y prendre pour lui faire jeter des racines sur leur sol : tantôt ils sont passionnés pour cette liberté, elle les rend fiévreux jusqu’au délire, et tantôt ils n’en veulent plus ; ils sont, en quelque sorte, ravis de n’avoir plus le droit d’écrire et de faire imprimer ce qu’ils pensent. C’est que, dirait un Chinois, les barbares des mers occidentales ont le sang trop vif, trop chaud ; il leur est impossible de prendre les choses avec calme et modération ; ils ne savent pas se fixer dans ce milieu invariable dont parle Confucius. Nous autres Chinois, nous faisons imprimer ce que nous voulons, des livres, des brochures, des feuilles volantes, des placards pour afficher au coin des rues, et nos mandarins ne s’en occupent pas ; nous sommes même imprimeurs à volonté ; la seule condition, c’est de ne pas trouver la chose trop ennuyeuse, et d’avoir assez d’argent pour faire stéréotyper des planches. Nous usons donc, tant qu’il nous plaît, de la liberté de la presse ; mais nous ne sommes pas dans l’habitude d’en abuser ; nous imprimons des choses qui peuvent récréer ou instruire le public, sans compromettre les cinq vertus fondamentales et les trois rapports sociaux. Nous aimons peu à nous occuper des affaires