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ger nous-mêmes, associons-nous, formons un houi. — Il est d’usage, en Chine, que les associations s’organisent dans un repas. Le villageois ne recule pas devant la dépense ; il tue un vieux bœuf et expédie des lettres d’invitation dans tous les villages de la contrée. Tout le monde approuva l’idée de cette sorte d’assurance mutuelle, et l’on fonda une société qu’on appela Lao-niou-houi, c’est-à-dire « Société du Vieux Taureau, » pour conserver le souvenir du repas qui avait présidé à sa formation. Le règlement en était court et simple. Les membres devront chercher à enrôler le plus de monde possible dans la société. Ils s’engageront à se prêter partout et toujours un mutuel appui pour traquer les voleurs, grands et petits. Tout voleur ou recéleur aura la tête coupée immédiatement après avoir été arrêté. Il n’y aura ni procès ni enquête. Peu importe que l’objet volé soit une futilité ou de quelque importance… Et comme il était facile de prévoir que des expéditions de ce genre entraîneraient nécessairement des démêlés avec les tribunaux, tous les membres étaient solidaires. La société tout entière prenait la responsabilité de toutes les têtes coupées. Un procès intenté à un associé devenait le procès de tout le monde.

Cette formidable société du Vieux Taureau se mit à fonctionner avec un ensemble et une énergie sans exemple ; outre les nombreuses tètes de grands et de petits voleurs qu’elle abattait avec une effrayante facilité, une nuit les associés se réunirent, en grand nombre et en silence, pour aller s’emparer d’un tsey-ouo, « nid de voleurs. » C’était un mauvais village caché dans le fond d’une gorge de montagne ; la société du Vieux