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On se trompe beaucoup en pensant que les Chinois vivent toujours parqués dans une enceinte de lois impitoyables et sous la verge d’un pouvoir tyrannique, qui réglemente toutes leurs actions el dirige leurs mouvements. Cette monarchie absolue, mais tempérée par l’influence et la prépondérance des lettrés, donne au peuple une indépendance bien plus large qu’on ne saurait se l’imaginer. On trouve en Chine un grand nombre de libertés qu’on chercherait vainement dans certains pays qui ont pourtant la prétention d’avoir des constitutions très-libérales.

On a écrit et l’on croit assez communément en Europe que les Chinois sont tenus d’exercer la profession paternelle ; que la loi fixe à chacun le métier qu’il doit faire ; que personne ne peut abandonner sa résidence pour aller se fixer ailleurs sans l’autorisation des mandarins ; qu’on est enfin assujetti à une foule de servitudes qui révoltent les instincts des libres citoyens de l’Occident. Nous ne savons ce qui a pu donner lieu à de pareils préjugés ; car il est bien certain que, dans toute l’étendue de l’empire chinois, chacun exerce la profession qui lui convient, ou même n’en exerce pas du tout, sans que le gouvernement s’en mêle en aucune manière. On est artisan, médecin, maître d’école, agriculteur, commerçant avec toute la liberté imaginable ; on n’a besoin d’aucune patente, d’aucun permis, d’aucune autorisation de qui que ce soit. On prend, on quitte et on reprend un état, sans que personne s’en occupe le moins du monde. Pour ce qui est des voyages et de la circulation des citoyens, il n’existe peut-être nulle part autant de liberté et d’indépendance ; on peut aller et venir tant qu’on veut dans