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lèrent dans l’assemblée, et les juges regardèrent d’un œil goguenard le scrutateur des délits. Celui-ci fut complètement désarçonné ; il voulut reprendre la parole ; mais ses idées étaient tellement embrouillées, qu’il ne savait plus guère ce qu’il disait. — Tenez, dîmes-nous alors au président, nous n’apercevons que désordre et confusion dans les discours du scrutateur des délits, nous ne pouvons lui répondre ; veuillez continuer vous-même l’interrogatoire, cela sera mieux. Nous autres hommes de l’Occident, nous aimons dans le langage la dignité et la précision. Ces paroles chatouillèrent amoureusement la vanité du digne président ; il nous rendit avec usure nos cajoleries, et nous demanda, enfin, qui nous avait introduits dans l’empire, et chez qui nous avions logé. — Nous avons le cœur attristé, répondîmes-nous, de ne pouvoir vous satisfaire sur ce point. Il est des questions sur lesquelles il nous est absolument impossible de répondre ; nous vous parlerons de nous tant que vous voudrez ; mais de ceux qui ont eu des relations avec nous, jamais un mot. Notre résolution est prise à cet égard depuis longtemps, et il n’est pas de puissance humaine capable de nous y faire manquer. — Il faut répondre ! s’écria le scrutateur des délits, en trépignant et en gesticulant, il faut répondre ! comment, sans cela, la vérité se trouverait-elle dans l’enquête ? — Le président nous a interrogés d’une manière pleine d’autorité et de noblesse, et nous lui avons répondu avec ingénuité et franchise. Quant à vous, scrutateur des délits, il a déjà été dit que nous ne savions pas vous comprendre.

L’assesseur de gauche coupa court à cet incident en