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gnala même les endroits où ils étaient en plus grand nombre. Pendant qu’il était vice-roi de la province, il était instruit de tout ; il savait que les alentours de son palais étaient presque entièrement habités par des chrétiens, et de chez lui il entendait le chant des prières, quand on se réunissait aux jours de fête. — Je sais même, ajouta-t-il, que le chef de tous les chrétiens de la province est un Français nommé Ma[1] ; je connais la maison où il réside ; tous les ans il envoie des courriers à Canton chercher de l’argent et des marchandises ; à une certaine époque de l’année, il fait la visite de tous les districts où il y a des chrétiens. Je ne l’ai pas tracassé, parce que je me suis assuré que c’est un homme vertueux et charitable… Il est évident que, si on voulait s’emparer, en Chine, de tous les chrétiens et de tous les missionnaires, la chose ne serait peut-être pas très-difficile ; mais les mandarins se garderaient bien d’en venir là, parce qu’ils se trouveraient surchargés d’affaires qui, en définitive, ne leur rapporteraient aucun profit ; ils seraient même grandement exposés à être dégradés et envoyés en exil. Les grands tribunaux de Péking et l’empereur ne manqueraient pas de les accuser de négligence, et de leur demander comment ils ont été jusqu’à ce jour sans savoir ce qui se passait dans leur mandarinat, et sans faire exécuter les lois de l’empire. Ainsi l’intérêt personnel des magistrats est souvent pour les chrétiens une garantie de paix et de tranquillité.

L’heure étant venue pour le préfet du Jardin de

  1. Monseigneur Perocheau, évêque de Maxula.