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avec le commissaire impérial Ky-yn. Les chrétiens ne devaient plus être persécutés ; l’empereur approuvait leur doctrine, et les prenait sous sa protection, etc. Nous ne comprîmes pas grand’chose à tout cela ; toutes ces idées, qui nous étaient jetées éparses et par fragments, nous cherchions bien à les rajuster dans notre esprit ; mais, comme nous n’avions eu auparavant aucune donnée, il nous était impossible de nous débrouiller au milieu de toutes ces énigmes. Nous allions demander quelques explications un peu nettes et précises à notre orateur, lorsque quatre mandarins, arrivés de la capitale, nous invitèrent à entrer dans nos palanquins pour continuer notre route.

Les porteurs nous conduisirent en course et tout d’une haleine jusque sous les murs de la ville, où nous trouvâmes des soldats pour nous escorter. La précaution n’était pas inutile ; sans ce secours, il nous eût été impossible de circuler dans les rues, tant était compacte et pressée la foule qui se portait sur notre passage. Il nous sembla que le cœur nous battait dans la poitrine plus vite que d’habitude ; car nous savions qu’on allait nous faire subir un jugement par ordre de l’empereur. Nous enverrait-on à Péking, à Canton, ou bien dans l’autre monde ? Il n’y avait certainement pas dans tout cela de quoi avoir peur ; mais il était bien permis, au milieu de cette incertitude, d’éprouver un peu d’émotion. Enfin nous arrivâmes devant un grand tribunal ; les deux énormes battants du portail sur lesquels étaient peintes deux monstrueuses divinités armées de grands sabres, s’ouvrirent solennellement, et nous entrâmes, sans savoir de quelle manière nous sor-