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successivement par la paresse, la débauche, la misère, la ruine de leurs forces physiques et la dépravation complète de leurs facultés intellectuelles et morales. Rien ne peut distraire de sa passion un fumeur déjà avancé dans sa mauvaise habitude. Incapable de la plus petite affaire, insensible à tous les événements, la misère la plus hideuse et l’aspect d’une famille plongée dans le désespoir ne sauraient le toucher. C’est une atonie dégoûtante, une prostration absolue de toutes les facultés et de toutes les énergies.

Depuis plusieurs années quelques provinces méridionales s’occupent, avec beaucoup d’activité, de la culture du pavot et de la fabrication de l’opium. Les marchands anglais confessent que les produits chinois sont d’excellente qualité, quoique, cependant, encore inférieurs à ceux qui viennent du Bengale ; mais l’opium anglais subit tant de falsifications avant d’arriver dans la pipe du fumeur, qu’il ne vaut plus, en réalité, celui que préparent les Chinois. Ce dernier, quoique livré au commerce dans toute sa pureté, se donne à bas prix et n’est consommé que par les fumeurs de bas étage. Celui des Anglais, malgré sa falsification, est très-cher et réservé aux fumeurs de distinction. Cette bizarrerie provient de l’amour-propre et de la vanité des riches chinois, qui croiraient déroger en fumant un opium fabriqué chez eux et incapable de les ruiner ; celui qui vient de fort loin doit évidemment avoir la préférence…… Tutto il mondo è fatto come la nostra famiglia ! »

Pourtant on peut prévoir qu’un tel état de choses ne durera pas. Il est probable que les Chinois cultiveront