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bien des personnes essayer de justifier le commerce de l’opium, parce que, disaient-elles, il n’avait pas essentiellement les mauvais effets qu’on lui attribuait, et qu’il en était comme des liqueurs fermentées ou d’une foule d’autres substances, dont l’abus seul était nuisible. Un usage modéré ne pouvait être, au contraire, que d’un excellent résultat sur le tempérament faible et lymphatique des Chinois… Ceux qui parlent ainsi sont, en général, des marchands d’opium, et l’on comprend assez qu’ils cherchent, par tous les arguments possibles, à calmer les inquiétudes de leur conscience, qui leur crie peut-être souvent : Ce que tu fais est une mauvaise action ! Mais le mercantilisme et la soif de l’or aveuglent complètement ces hommes, doués, d’ailleurs, d’une grande générosité, et dont les coffres-forts sont toujours ouverts quand il y a des malheureux à soulager et de bonnes œuvres à soutenir. Ces riches spéculateurs, vivant perpétuellement au milieu du luxe et des fêtes, ne pensent pas même aux affreux désastres qu’ils préparent et consomment par leur détestable trafic. Quand du belvédère de leurs maisons, qui s’élèvent sur les bords de la mer, somptueuses et splendides comme des palais, ils voient revenir de l’Inde leurs beaux navires glissant majestueusement sur les flots et entrant, voiles déployées, dans le port, ils ne réfléchissent pas sans doute que ces cargaisons renfermées dans leurs superbes clippers vont être la ruine et la désolation d’un grand nombre de familles… A part quelques rares fumeurs qui, grâce à une organisation tout exceptionnelle, peuvent se contenir dans les bornes d’une prudente modération, tous les autres vont rapidement à la mort, après avoir passé