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core ajouter aux agréments de cette société choisie. Nous fîmes de notre mieux pour prouver à cette élégante aristocratie que l’urbanité française n’est pas au-dessous de la cérémonieuse politesse des Chinois.

Quand nous nous mîmes en route, nous remarquâmes que notre escorte était beaucoup plus considérable qu’à l’ordinaire. Nos palanquins avançaient entre une haie de lanciers à cheval que le gouverneur de Kioung-tcheou nous avait donnés pour nous protéger contre les bandits dont le pays était infesté. Ces bandits étaient des contrebandiers d’opium. On nous dit que, depuis quelques années, ils allaient par grandes troupes chercher dans la province de Yun-nan et jusque chez les Birmans l’opium qu’on leur envoyait de l’Inde par terre. Ils revenaient ensuite ouvertement avec leur contrebande, mais armés de pied en cap, afin de pouvoir résister aux mandarins qui tenteraient de s’opposer à leur passage. On citait plus d’un combat meurtrier où l’on s’était battu avec acharnement, d’un côté pour conserver la contrebande, et de l’autre pour la piller ; car les soldats chinois n’ont de courage contre les voleurs et les contrebandiers que dans l’espoir de se saisir eux-mêmes de la proie. Lorsque ces bandes armées de porteurs d’opium rencontrent sur leur route des mandarins ou quelque riche voyageur, ils ne se font pas faute de les attaquer et de les dépouiller.

Tout le monde connaît la malheureuse passion des Chinois pour l’opium, et la guerre que cette fatale drogue occasionna, en 1840, entre la Chine et l’Angleterre. Son importation dans le Céleste Empire ne date pas de longtemps ; mais il n’est pas au monde de commerce dont